Alexandra, sa vie, en quelques mots...
Née en fait Louise, Eugénie, Alexandrine, Marie David... La
jeune femme prend assez tôt le pseudonyme d'Alexandra. Elle est
née aux portes de Paris, à St Mandé, le 24 octobre 1868, unique fruit d'un mariage triste et sans amour.
Sa famille effectuant de mauvais placements financiers, Alexandra est obligée de gagner sa vie dans un premier temps en embrassant une carrière artistique qui dure près de 8 années. Chanteuse lyrique... elle interprète, avec succès sur les scènes d'Europe, d'Orient et d'Asie. Terminant cette carrière qu'elle n'aimait guère, elle se retrouve en 1900 à Tunis, où le hasard la met en relation avec Monsieur Philippe Néel. C'est un homme distingué et un séduisant ingénieur des chemins de fer qui la persuade de mettre fin à son célibat.
En 1904, elle a 36 ans lorsqu'elle se marie peu avant le décès de son père. Alexandra n'est pas faite pour tenir le rôle de femme au foyer. Philippe Néel comprend que le démon des voyages possède sa singulière épouse. Les petites croisières à bord de son voilier baptisé « l'Hirondelle » ne lui suffisent pas, ainsi que ses quelques voyages au désert et dans toute l'Afrique du nord.
Août 1911, Alexandra quitte cette vie normalisée qui l'étouffe et rejoint les Indes qu'elle avait déjà visitées lors de deux précédents voyages, 20 ans auparavant. Son voyage est alors subventionné par trois ministères français pour 18 mois d'études en Asie... Il durera en fait 14 années...
A partir des Indes, elle passe fin 1912 par le Népal... Pour ce pèlerinage aux sources même du bouddhisme, le maharaja du Népal lui apporte son aide et lui fait quelques présents. Il lui met à sa disposition une caravane d'éléphants et une chaise à porteur. Elle poursuit son voyage par le Sikkim, petit pays himalayen au sud du Tibet. On lui met à sa disposition un jeune moine de 14 ans, Aphur Yongden, qui deviendra par la suite son fils adoptif.
Elle s'exerce à la rude pratique des yogis durant deux ans et demi, dans une caverne à 4000 mètres d'altitude. Elle y reçoit les enseignements d'un Gomchen, un yogi, un grand méditant ayant atteint un haut degré spirituel.
Expulsée du Sikkim en septembre 1916 par le résident britannique pour être allée deux fois au sud du Tibet sans autorisation, elle voyage ensuite à travers le Japon qu'elle trouve joli, certes, mais trop peuplé. Alexandra rencontre Ekai Kawaguchi, un moine philosophe qui lui apporte une lueur d'espoir : Quelques années auparavant, déguisé en moine chinois, il a réussi à demeurer 18 mois à Lhassa. Cette histoire passionne Alexandra et lui donne des idées.
C'est là, en Chine, au temple des lamas, qu'elle trouve des érudits : ils sont tibétains et Alexandra parle leur langue. Au bout de quelques mois, elle et Yongden s'embarquent en compagnie d'un Lama excentrique et traversent avec de grandes difficultés tout le pays d'est en ouest, une Chine déchirée par les guerres civiles et la peste. Ils visitent le Gobi, la Mongolie et terminent leur course à Kum bum, un immense monastère au nord-est du Tibet.
Début 1921, après 2 ans et demi d'études studieuses, toujours en compagnie du jeune Aphur Yongden, elle refait ses bagages avec la ferme intention de franchir la frontière tibétaine afin de rejoindre la capitale mythique: Lhassa, la terre des divinités, territoire interdit aux étrangers.
Après s'être faite démasquée et refoulée plusieurs fois durant 3 ans, elle décide d'abandonner domestiques, chariots et mules, et, déguisée en mendiante, elle se met en route, bâton de pèlerin en main. Des milliers de kilomètres, des mois de pérégrinations, dans la neige, le froid, par des contrées sauvages et difficiles, parfois même inexplorées, toujours accompagnée du jeune Aphur Yongden.
Les deux aventuriers arrivent à Lhassa, épuisés, en février 1924, à 56 ans. Accompagnée de Yongden, ils quittent donc le Japon trop pluvieux et s'embarquent pour la Corée où les montagnes leur rappelleront peut être le Tibet. Elle y fait quelques rencontres intéressantes, mais la nostalgie demeure, ils prennent donc le train pour Pékin.
Son exploit est décrit durant des années dans tous les journaux, à travers le monde... c'est la gloire. Ceci lui permet en 1928 d'acheter à Digne Samten Dzong, sa forteresse de méditation où elle écrira une grande partie de son oeuvre en compagnie de Yongden. Celui-ci devient légalement son fils adoptif.
Après 9 années de travail acharné, Alexandra qui n'a jamais cessé d'écrire ou de faire des conférences en Europe, repart pour la Chine au début 1937 avec son fils adoptif. Elle a 69 ans et vu son grand âge, elle pense que son voyage sera court... Alors il lui faut en profiter. Elle s'équipe d'appareils photographiques plus modernes et ne s'en va que pour quelques mois.
Mais la guerre sino-japonaise se déclare, puis la guerre civile en Chine, et en 1939 commence la deuxième guerre mondiale. Ils restent en Chine, bloqués durant neuf années, ayant perdu leurs bagages dès le début des hostilités mais continuant malgré toutes les grandes difficultés à travailler sur divers ouvrages. Tout cela se passe sous les bombardements, dans un froid rigoureux, la famine et les épidémies.
En 1941 Alexandra apprend la mort, en France, de son mari et meilleur ami : Philippe Néel avec lequel elle n'a jamais cessé de correspondre.
Durant 4 ans, elle erre d'hôtel en hôtel et c'est ainsi que Marie-Madeleine Peyronnet entre dans sa vie en 1959 de façon tout à fait fortuite, pour une visite de courtoisie qui devait durer une heure et qui finalement se sera prolongée 10 ans.
Alexandra fête alors son centième anniversaire, entourée de personnalités, ce qui n'est pas trop pour lui plaire. Bon gré, mal gré, elle se soumet au protocole. A 100 ans et demi, elle stupéfie la Préfecture des Basses-Alpes en faisant renouveler son passeport, comptant retourner là bas et projette aussi un tour du monde en 4 CV avec sa secrétaire, Marie-Madeleine Peyronnet pour chauffeur...
Malgré son grand âge, Alexandra continue toujours avec acharnement d'écrire ses livres, jusquà 18 heures par jour. Chaque jour doit avoir sa part de travail constructif. Elle souffre énormément de ses rhumatismes est quasiment paralysée.
Notes d'intention des Comédiennes
Rédigées par le Trio COQUILLAT-LUCAS
Voyager seule, découvrir, partir vers l’inconnu à une époque où seuls quelques explorateurs se risquaient à aller vers l’ailleurs, c’est le pari audacieux qu’a réussi Alexandra David-Néel.
Car elles sont peu nombreuses les femmes qui ont osé l’aventure : Ida Pfeiffer, Florence Baker , Jane Dieulafoye, Nelly Bly, Charmian Kitteredge, Osa Johnson, Isabelle Eberhardt, Ella Maillart…
L’ailleurs d’Alexandra c’est la mystérieuse Asie et surtout le Tibet où elle vivra de nombreuses aventures mais aussi un voyage intérieur, une approche spirituelle, des moments magiques et mystiques …
Pourquoi faire une pièce de théâtre sur celle qui n’a cessé d’écrire jusqu’à sa mort ? Ses récits, ses ouvrages philosophiques et les différentes biographies sur Alexandra suffisent à nous éclairer, à nous entraîner dans cette vie palpitante, pourtant nous aussi nous osons, nous voulons montrer qu’Alexandra est une femme de chair et de sang, qui n’a pas toujours un caractère facile, déterminée à faire ce qu’elle veut comme elle l’entend.
Le moment que nous allons passer ensemble ne prétend pas faire le tour de la longue vie d’Alexandra, c’est notre vision et nous espérons que vous aurez envie d’en savoir plus…